Développer l’énergie éolienne et solaire en Afrique du Sud

Le secteur des énergies renouvelables de l’Afrique du Sud a connu une transformation significative au cours de la dernière décennie, sous l’effet conjugué d’initiatives politiques, de considérations économiques et d’impératifs environnementaux. Historiquement dépendant du charbon, qui représente environ 85 % de sa production d’électricité, le pays a reconnu la nécessité de diversifier son bouquet énergétique.

Cette évolution est soulignée dans le plan gouvernemental de ressources intégré (Integrated Resource Plan), qui définit une feuille de route stratégique pour la production d’énergie, en mettant l’accent sur l’incorporation de sources renouvelables telles que l’énergie éolienne, l’énergie solaire et l’hydroélectricité. Le programme d’achat de producteurs indépendants d’énergie renouvelable (REIPPPP – Renewable Energy Independent Power Producer Procurement Programme) a joué un rôle déterminant dans cette transition, en attirant des investissements locaux et internationaux pour soutenir le secteur des énergies renouvelables.

Malgré ces avancées, la croissance du marché des énergies renouvelables a été tempérée par des défis infrastructurels et financiers. Le service public national, Eskom, est confronté à un endettement important, ce qui complique les efforts de modernisation et d’extension du réseau pour accueillir les nouveaux projets d’énergie renouvelable. On estime qu’environ 21 milliards de dollars sont nécessaires pour moderniser les infrastructures de transmission, une somme difficile à obtenir. Cette contrainte financière a entraîné des retards dans la connexion des projets d’énergie renouvelable au réseau, entravant le potentiel du secteur à atténuer les pénuries d’énergie du pays et à réduire son empreinte carbone.

À l’avenir, le marché sud-africain des énergies renouvelables est prêt à croître, à condition de surmonter les obstacles existants. Les projections indiquent que la capacité du pays en matière d’énergies renouvelables pourrait atteindre 31 gigawatts d’ici 2030, avec un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 11 % à partir de 2025. Pour atteindre cet objectif ambitieux, il faudra non seulement des investissements financiers, mais aussi des réformes politiques visant à faciliter l’approbation des projets et à améliorer la fiabilité du réseau. L’engagement du gouvernement à réduire les émissions de carbone, associé au soutien international, permet à l’Afrique du Sud de faire des progrès considérables dans le domaine des énergies renouvelables, en favorisant le développement économique et la durabilité environnementale.

L’Afrique du Sud a fait des progrès considérables dans l’expansion de sa capacité d’énergie renouvelable, en particulier dans les domaines de l’énergie éolienne et de l’énergie solaire. En 2023, la capacité totale d’énergie éolienne du pays a atteint environ 3 442 mégawatts (MW), soit plus de 39 % de la capacité totale d’énergie éolienne de l’Afrique. Cette croissance a été facilitée par le programme d’achat de producteurs indépendants d’énergie renouvelable (REIPPPP), qui a attiré des investissements locaux et internationaux. Il existe actuellement 34 parcs éoliens opérationnels qui alimentent le réseau national, 1,3 gigawatts (GW) de projets éoliens supplémentaires sont en cours de construction et 53 GW sont à l’étude ou en cours de développement. Les projections indiquent que la capacité éolienne terrestre de l’Afrique du Sud devrait croître à un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 14 % entre 2023 et 2035, pour finalement représenter 16 % de la capacité totale de production installée du pays.

Parallèlement, le secteur de l’énergie solaire en Afrique du Sud a connu une expansion remarquable. À la fin de l’année 2023, la capacité photovoltaïque installée du pays a atteint environ 7,8 GW, soit près de 50 % de la capacité solaire installée sur le continent africain. Cette augmentation est largement attribuée aux secteurs commercial et industriel, qui représentent environ 75 % des 3 GW de la nouvelle capacité solaire ajoutée en 2023. Le secteur résidentiel a également contribué de manière significative, les installations solaires sur les toits passant de 983 MW en mars 2022 à 4 412 MW en juin 2023 – une augmentation stupéfiante de 349 % en un peu plus d’un an. Cette adoption rapide de solutions solaires distribuées souligne un mouvement collectif vers l’autosuffisance énergétique au milieu des défis auxquels est confronté le réseau national.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a présenté d’importantes projections pour le secteur des énergies renouvelables en Afrique du Sud, soulignant la réorientation stratégique du pays vers des sources d’énergie plus propres. Selon les Perspectives énergétiques de l’Afrique du Sud de l’AIE, le pays prévoit de mettre hors service 35 des 42 gigawatts (GW) de sa capacité de production d’électricité au charbon d’ici à 2030. Pour compenser cette réduction et répondre à la demande supplémentaire prévue de 29 GW, l’Afrique du Sud vise à utiliser au moins 20 GW d’énergies renouvelables et de gaz naturel. Cette transition est essentielle pour diversifier le bouquet énergétique et réduire la dépendance au charbon.

Dans son rapport Perspectives énergétiques de l’Afrique 2022, l’AIE souligne que l’Afrique possède 60 % des meilleures ressources solaires au monde, mais qu’elle ne représente que 1% de la capacité photovoltaïque installée. Pour l’Afrique du Sud, il est essentiel de tirer parti de ce potentiel. D’ici à 2030, l’énergie solaire photovoltaïque devrait surpasser toutes les autres sources d’énergie sur le continent, ce qui en fait l’axe principal de la stratégie énergétique de l’Afrique du Sud.

Pour faciliter cette transition énergétique, le gouvernement sud-africain a affecté des fonds spécifiques visant à mieux intégrer la production d’énergie renouvelable dans l’approvisionnement national. Ces efforts se concentrent sur des projets de planification et de coordination visant à favoriser l’adoption des énergies renouvelables.

L’AIE souligne que la réalisation de ces objectifs ambitieux nécessitera non seulement des investissements financiers, mais aussi des réformes politiques visant à faciliter l’approbation des projets et à améliorer la fiabilité du réseau. Le soutien et la collaboration de la communauté internationale seront déterminants pour surmonter les difficultés actuelles et garantir la réussite de la transformation du paysage énergétique de l’Afrique du Sud.

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