« L’heure est venue pour les énergies renouvelables d’entrer sur le marché. » Cette phrase de Joaquín Almunia, vice-président de la Commission européenne, résume bien les nouvelles lignes directrices concernant le subventionnement public des projets énergétiques, adoptées par Bruxelles ce mercredi 9 avril 2014. Dans un contexte économique où de nombreux postes de finances publiques sont réduits, les financements accordés aux énergies renouvelables font débat. Jusqu’à présent, le coût des énergies renouvelables était directement répercuté sur la facture des consommateurs d’électricité, au travers de la contribution aux charges de service public de l’électricité (CSPE). A partir du 1er juillet 2014, les producteurs vendront directement leur énergie sur le marché, et les subventions publiques passeront d’un prix fixe de rachat à des primes de rachat. Chacun des Etats membres de l’UE est chargé de définir les modalités de mise en application des règles directrices, et le changement de mécanisme se fera progressivement.
Ce bouleversement du modèle économique d’insertion des énergies renouvelables semble être une étape indispensable à la pénétration massive de ces sources d’énergie. Il intervient à un moment propice, alors que le marché du photovoltaïque est en pleine croissance. Un récent rapport de l’IEA (International Energy Agency) annonce que la contribution du photovoltaïque à la demande annuelle en électricité dans le monde vient de passer la barre des 1%– et des 3% en Europe. Une des raisons de cette croissance est que les coûts de production de l’énergie solaire ont fortement diminué. Ceci grâce aux avancées technologiques, à la maturation du marché (intensification de la concurrence, rendements d’échelle), mais aussi en raison de la crise de surproduction qui a touché le marché des modules solaires. Les énormes capacités de production mises en place par la Chine ont entraîné une baisse drastique des prix. Depuis l’été 2013, un accord amiable entre Bruxelles et Pékin impose aux exportateurs chinois le prix de vente plancher de 0,56 euros par watt de puissance produite, soit une baisse de 80% depuis 2008.
Cette baisse des prix d’équipement permet de mettre en place depuis peu des projets de centrales photovoltaïques rentables… sans aucune subvention, par la seule revente de l’électricité produite sur le marché spot. C’est déjà le cas en Espagne, en Italie, en Allemagne, et en Californie notamment, dans le cadre de marchés dérégulés.
En somme, le photovoltaïque est prêt à passer à la vitesse supérieure, à une phase de diffusion à grande échelle. Le seul obstacle annoncé à la pénétration massive des énergies renouvelables dans le mix énergétique reste la gestion de l’intermittence – le fait que ces énergies ne soient pas produites de façon constante –, comme l’a mentionné récemment Anne Feitz dans son article pour les Echos. Mais nous verrons que des solutions existent, qui sont prêtes à relever ce challenge… suite en deuxième partie de ce billet.