La filière nucléaire française a assuré depuis les années 1960 une réelle compétitivité-prix à l’électricité dans le pays, bénéficiant aux entreprises comme aux particuliers. Cependant, cette domination de l’atome est progressivement remise en cause, face à l’émergence de nouvelles énergies : nous verrons que la problématique du coût réel de production est déterminante, dans une France de l’après-crise qui a vu le pragmatisme économique l’emporter sur les considérations environnementales.
La question sous-jacente est véritablement : est-ce que les énergies renouvelables, et le photovoltaïque en particulier, sont viables économiquement ? Rappelons que le développement durable repose sur trois axes : environnemental, social, mais aussi économique. Celles-ci ne sauraient ainsi s’affranchir de cet impératif de rentabilité, sous peine de se développer poussivement, avec l’aide isolée de subventions publiques.
Si cette condition n’était pas remplie il y a seulement quelques années, la situation évolue et laisse envisager un développement massif du photovoltaïque : alors qu’en 2008, un rapport du Ministère de l’Energie mettait en évidence le coût plus élevé de l’énergie solaire, la France atteindra la parité réseau (égalité entre le prix de l’électricité issue du photovoltaïque et le prix du marché de détail de l’électricité) dans le sud du pays en 2015 grâce à une division par deux du coût de l’énergie photovoltaïque entre 2010 et 2020, selon une étude de SolarPower Europe. Cette association, dont Reuniwatt est membre, rassemble les entreprises européennes du photovoltaïque pour mettre en place un cadre juridique et des opportunités qui favorisent le développement du solaire.
Les pouvoirs publics adoptent d’ores et déjà une législation qui témoigne de la compétitivité acquise par le solaire : le régime d’obligation d’achat sera ainsi remplacé pour les installations supérieures à 100 kW par un contrat de complément de rémunération, le producteur vendant dès lors son électricité au tarif du marché ou la consommant directement. Le décret sera publié avant la fin de l’année 2015 pour une entrée en vigueur le 1er janvier 2016.
Cette nouvelle compétitivité s’illustre aussi à travers les progrès techniques réalisés : l’entreprise française Soitec, le CEA-Leti en France et l’institut Fraunhofer ISE ont par exemple établi un record mondial en convertissant 46% du rayonnement solaire en électricité à l’aide d’une cellule solaire à multi-jonctions (le record précédent avait déjà été établi un an plus tôt à 44.7% par une équipe franco-allemande).
Ensuite, l’accident nucléaire de Fukushima a rappelé le risque inhérent à l’utilisation de l’atome, et a montré la nécessité de renforcer les mesures de sécurité de telles centrales, renchérissant par conséquent l’investissement nécessaire pour ces installations et augmentant le prix du kWh évoqué précédemment. L‘EPR de Flamanville, dont le coût total est estimé aujourd’hui à plus de 9 milliards d’euros, est un exemple douloureux de la non-maîtrise des dépenses dans les projets gigantesques qu’implique le nucléaire. L’énergie fossile (charbon, pétrole, gaz) est pour sa part sujette aux aléas du prix des matières premières, ainsi qu’au prix de rachat de la tonne de CO2.
Le photovoltaïque devient donc compétitif par rapport aux autres sources d’énergie. La production d’énergie solaire a cependant le défaut d’être intermittente, contrairement au nucléaire : elle doit donc être intégrée à un mix énergétique permettant de pallier sa variation. La prévision de sa production est alors un enjeu majeur, pour pouvoir adapter l’apport des autres énergies en fonction de celle-ci. C’est la mission entreprise par Reuniwatt, avec son outil de prévision Soleka. Elle facilite l’insertion d’énergies renouvelables dans le mix énergétique, avec un objectif final clair : assurer le développement progressif du photovoltaïque et maîtriser l’impact de l’homme sur son environnement par l’innovation.