La TPE réunionnaise a développé des techniques innovantes de prévision de l’ensoleillement au-dessus des centrales photovoltaïques, qui lui valent aujourd’hui de décrocher des contrats dans le monde entier.
Il y a quelques semaines, Reuniwatt signait un contrat de référence avec Enel Green Power, numéro 3 mondial de la production d’électricité photovoltaïque. La TPE réunionnaise (20 salariés) avait déjà convaincu Terna, le distributeur italien d’électricité, ou la ville brésilienne d’Oiapoque, en Amazonie, alimentée en électricité par le soleil. Elle a récemment équipé une centrale de 300 mégawatts en Californie et participe au pilotage de Noor, la mégacentrale solaire à concentration de Ouarzazate, au Maroc.
Bon fonctionnement
Son savoir-faire : prévoir l’ensoleillement au-dessus des centrales, donc leur courbe de production. Ces prévisions améliorent les chances des producteurs de voir leur énergie injectée dans les réseaux, donc payée, et évitent les délestages à ceux qui autoconsomment leur électricité. Les données d’ensoleillement, comparées à la production réelle, permettent aussi de vérifier le bon fonctionnement des installations.
Reuniwatt a été créée il y a dix ans par Nicolas Schmutz, ingénieur énergéticien qui venait de participer au lancement de plusieurs centrales à La Réunion. Sa petite équipe acquiert rapidement une expertise inédite, en mettant au point des outils d’observation du ciel, des méthodes d’analyse des données satellitaires et des modèles de prévisions météorologiques. Dès 2014, Albioma lui fait confiance : la start-up équipe une première centrale solaire sur un hypermarché réunionnais. Après s’être appuyé sur un laboratoire de l’université de l’île, Nicolas Schmutz commence à recruter des ingénieurs et ouvre un bureau à Paris, tout en mobilisant tous les dispositifs possibles de soutien à l’innovation.
Admission au French Tech 120
Dix ans après sa création, son chiffre d’affaires a franchi le million d’euros. « Nous avons une avance technologique protégée par quatre brevets internationaux, mais nous ne nous reposons pas sur nos lauriers », assure-t-il. Reuniwatt mise aujourd’hui sur l’intelligence artificielle pour tirer la quintessence de ses calculs informatiques. Son fondateur savoure son admission, en début d’année, sur la liste French Tech 120. Elle lui apporte une visibilité non négligeable au moment où il doit convaincre financeurs et investisseurs de soutenir sa croissance, même si cette dernière a été sérieusement ralentie par la crise mondiale . Mais pas question, pour Nicolas Schmutz, de quitter sa base réunionnaise : à Saint-Pierre, dans le sud de l’île, son équipe d’ingénieurs continuera à travailler à deux pas de la plage.
Article initialement publié par Les Echos le 4 novembre 2020, rédigé par Bernard Grollier (Correspondant à La Réunion)